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6 Mai 2021
Forte des résultats de son enquête sur le ressenti et les aspirations des travailleurs un an après le début du premier confinement, la CFDT avance ses pistes de sortie de crise. Dans un premier temps, Syndicalisme Hebdo s’intéresse au volet économique, alors que le développement de la vaccination fait espérer une reprise de l’activité dans les prochaines semaines.
On oublie et on repart comme avant ? Après plus d’un an de crise sanitaire, le risque est grand de retomber dans les mêmes travers si rien n’est fait pour préparer la reprise économique qui s’annonce. Si les Français sont encore confrontés à des restrictions afin de limiter autant que possible la circulation du virus et n’ont pas forcément le sentiment de voir le bout du tunnel, l’après-crise se joue dès à présent. Les mois à venir vont en effet être déterminants sur les plans économique et social.
« Les leçons de la crise financière de 2008 ont été tirées, analyse Anne-Juliette Lecourt, économiste à la Confédération. À l’époque, les politiques décidées par les gouvernements avaient amputé les perspectives de reprise, et il avait fallu plus de dix ans pour revenir au niveau d’avant la crise. Nous ne sommes heureusement plus dans cette configuration. Il y a aujourd’hui une forme de consensus sur la nécessité d’accompagner la reprise. » Que ce soit aux États-Unis ou en Europe, l’heure est donc à l’annonce de plans plus ou moins ambitieux, mais qui ont tous la même finalité : booster l’activité pour retrouver le plus rapidement la richesse perdue lors de la pandémie.
Cependant, si cette approche macroéconomique fait consensus, il est nécessaire de débattre du contenu de ces plans. Dans ce cadre, la CFDT appelle à un plan de transition pour limiter l’impact sur l’emploi et préparer l’avenir ; afin que cette relance réponde aux enjeux économiques, sociaux et environnementaux qui se posent à la France. « Il faut continuer à aider les entreprises, mais ces aides doivent être davantage conditionnées à des objectifs précis en matière sociale et environnementale, résume Anne-Juliette Lecourt. Elles doivent faire l’objet d’un véritable dialogue social au sein des entreprises, dans chacune des branches et chacun des secteurs professionnels ainsi que dans les territoires. »
Selon la CFDT, il manque d’ailleurs dans le plan de relance français un volet plus important en direction des ménages. Alors que la crise a accentué les inégalités, le risque est grand de voir une partie de la population décrocher, d’autant plus que les prévisions en matière d’emploi ne sont guère réjouissantes à court terme.
L’activité partielle a permis de limiter la casse pendant la crise, mais cette aide massive aux entreprises va fatalement prendre fin à plus ou moins brève échéance. La CFDT appelle donc à des gestes forts, notamment en direction des jeunes générations, comme l’a rappelé Laurent Berger dans une tribune publiée dans la revue Usbek & Rica : « J’en appelle à un grand plan d’investissement et de solidarité à destination de la jeunesse. Un plan qui assurerait aux jeunes de moins de 25 ans les moyens de leur subsistance en leur ouvrant l’accès au RSA ou à une Garantie jeunes universelle. Un plan qui leur ouvrirait, après deux années blanches, les portes de la culture, du sport et des loisirs par l’attribution d’une aide financière sous forme de chèques […] »
Pour soutenir ce « plan jeunes », et plus généralement les ménages les plus modestes, la CFDT revendique là aussi un geste fort qui permette de mettre à contribution les ménages les plus riches et les entreprises qui n’ont pas souffert de la crise sanitaire. Une question de justice et de solidarité qui pourrait se traduire dans un premier temps par la mise en place d’une taxation provisoire, comme cela est déjà arrivé pour faire face à des situations dramatiques (après les guerres, à la suite de périodes de sécheresse, etc.). Le gouvernement français s’y refuse jusqu’à présent – mais la partie n’est pas perdue, tant la prise de conscience de la nécessité d’agir vite contre les inégalités sociales, qui ont été exacerbées par la crise, est aujourd’hui mondiale.
“Les coûts de la relance économique doivent être partagés de manière équitable, et les efforts qui ont été demandés aux salariés pendant la crise doivent être pris en compte.”
Même le Fonds monétaire international (FMI) appelle les État à mobiliser des recettes fiscales supplémentaires pour faire face aux conséquences sociales de la crise. « Les coûts de la relance économique doivent être partagés de manière équitable, et les efforts qui ont été demandés aux salariés pendant la crise doivent être pris en compte, renchérit Anne-Juliette Lecourt. Cela passe par des mesures fortes à court terme et pose nécessairement la question d’une réforme fiscale à moyen terme afin de rendre notre imposition plus progressive, faire participer davantage le patrimoine aux efforts et lutter contre l’évasion fiscale des grandes entreprises. »
Sur ce sujet, les annonces du nouveau président des États-Unis relatives à la taxation des bénéfices des entreprises (qui consiste à fixer un seuil en deçà duquel il serait impossible de descendre afin de limiter les pratiques d’optimisation fiscale des grands groupes et la concurrence fiscale entre les États) pourraient ouvrir une voie de passage. Un tel mécanisme, s’il était mis en place, pourrait faire davantage contribuer les entreprises alors que leur niveau d’imposition n’a fait que diminuer ces dernières années.
« La fin de la crise, car elle aura bien une fin, ne se traduira pas par un retour au monde d’avant comme s’il ne s’était rien passé. Nous devons nous y préparer et anticiper pour ne pas subir », souligne Laurent Berger, en invitant notamment l’ensemble des équipes militantes à engager dès à présent des discussions sur l’organisation du travail et les perspectives économiques et sociales dans leurs entreprises ou administrations. « Personne ne sortira indemne de ce que nous traversons. La reprise doit nécessairement passer par une phase de dialogue et, pourquoi pas, un accord si le besoin s’en fait sentir. »