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Présidentielle 2022 : combien coûterait l’augmentation des salaires que défendent plusieurs candidats ?

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Présidentielle 2022 : combien coûterait l’augmentation des salaires que défendent plusieurs candidats ?

Officiellement engagés dans la course à l'Élysée, Anne Hidalgo et Jean-Luc Mélenchon espèrent augmenter le pouvoir d'achat des Français via la hausse des salaires d'une partie de la population. Décryptage de leurs propositions avec Pascal Perri, l'économiste de LCI.

Augmenter le salaire des enseignants, donner un (gros) coup de pouce au Smic, avancer l'âge de la retraite... Plusieurs candidats à l'élection présidentielle 2022 ont annoncé des mesures qui doivent permettre d'accroître le pouvoir d'achat des Français. Celles-ci sont-elles réalistes et viables ? L'économiste Pascal Perri fait le point sur leur coût et les résultats qu'elles seraient susceptibles de produire.

À combien s'élèverait l'augmentation des salaires que défendent plusieurs candidats à la présidentielle ? 

Pascal Perri : Plusieurs mécanismes existent pour augmenter les revenus. En fonction du levier employé, le coût diffère. Anne Hidalgo veut doubler "au moins" le salaire des enseignants en France. Il y en un peu plus de 800.000. Doubler leur revenu représenterait un surcoût d’environ 35 milliards d’euros dans l’année, hors cotisations employeurs. Le constat de départ est juste : les enseignants allemands sont beaucoup mieux payés que les Français. Ils ont toutefois un temps de travail bien supérieur, ce que la maire de Paris ne précise pas. 

De son côté, Jean-Luc Mélenchon souhaite une augmentation du Smic à 1400 euros nets. Selon une estimation de Jacques Généreux, économiste proche du chef de file de la France Insoumise, le coût de cette mesure serait compris entre 15 à 30 milliards d’euros. 

L'idée d'augmenter le pouvoir d'achat des Français est une équation à plusieurs inconnues.

Pascal Perri

Comment expliquer les difficultés à chiffrer ce genre de réforme ?

Parfois, dans de telles appréciations économiques, on peut viser large. Les estimations se fondent sur des hypothèses différentes, dont certains éléments ne sont pas connus. Par exemple, le coût complet d'une augmentation substantielle du Smic est difficile à prévoir. Certains travailleurs payés au Smic sont à temps plein, d’autres à temps partiel. Par ailleurs, et c'est plus difficile à évaluer, une augmentation du salaire minimum dans une proportion spectaculaire entraînerait de facto la hausse de tous les salaires qui se trouvent actuellement juste au-dessus de celui-ci. 

Pour ce qui est de la proposition d’Anne Hidalgo, le calcul aboutissant à un surcoût de 35 milliards d'euros est relativement simple. Néanmoins, la formulation de la proposition de la candidate, et notamment le "au moins", est tout sauf économique et sérieuse. Elle est floue, n’a aucune valeur scientifique et accentue les difficultés pour évaluer le coût réel de cette mesure. 

Concrètement, quelles conséquences auraient ces hausses de revenus sur l’économie française ? 

L’idée de tous ces projets de réforme est d’augmenter le pouvoir d’achat des Français. Oui, mais voilà, ce concept est en fait une équation à plusieurs inconnues, liée aux revenus mais aussi aux prix de manière générale. Concrètement, le pouvoir d’achat est le rapport entre les revenus et les dépenses. 

Or, les mesures sociales proposées devraient être financées. Elles conduiraient nécessairement à une augmentation massive des prélèvements obligatoires (impôts et cotisations sociales) – déjà à un niveau très élevé – et/ou une dégradation des conditions de production et de compétitivité des entreprises françaises dans un contexte de concurrence internationale. 

Au fond, le pouvoir d’achat ne va donc pas évoluer en actionnant ces leviers. La hausse de revenus des Français sera annulée par une augmentation directe (prélèvements obligatoires) ou indirecte (prix plus importants) de leurs dépenses. C’est un cercle vicieux

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